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L’expertise humaine

Lorsqu’une pièce n’est pas documentée ou que son authenticité est contestée, le marché de l’art s’appuie généralement sur l’avis d’autorités tierces, comme des universitaires, des conservateurs de musée, des vendeurs, de maisons de ventes aux enchères, des restaurateurs, les artistes, la famille des artistes défunts et – phénomène existant depuis la fin du XXe siècle – les comités d’authentification.

Ces pratiques courantes soulèvent plusieurs questions, notamment celles-ci :

  • l’expert peut-il être partial envers l’objet ou le propriétaire ?
  • la rémunération de l’expert est-elle supérieure à la norme ?
  • la méthodologie est-elle adéquate ?
  • qui a l’avis le plus pertinent ? (en cas de désaccord entre experts)

Compte tenu de ce contexte hasardeux, comment les agents du marché peuvent-ils rendre le processus objectif ? Dans certains pays, des experts sont nommés par les tribunaux comme étant détenteurs du « droit moral » et aptes à émettre un jugement. Il s’agit généralement des membres de la famille de l’artiste, désignés parfois quel que soit leur degré d’expertise. Le marché reconnaît également bien souvent ces détenteurs du « droit moral » comme des authentificateurs.

En l’absence de catalogue, les authentifications reposent sur les avis des experts, dans la mesure où ils existent. Même lorsque c’est le cas, ils peuvent avoir moins de crédit qu’un catalogue raisonné, quelle que soit leur qualification. Les avis d’expert « certifiés » sur l’authentification ou l’attribution ne sont ni infaillibles ni objectifs, sauf s’ils sont appuyés par un consensus.

Il est par conséquent recommandé que les historiens de l’art se prononcent uniquement sur les œuvres d’art qui relèvent de leurs compétences et qu’ils se montrent très prudents lorsqu’ils émettent un avis à titre strictement individuel.

Comités d’authentification

Compte tenu de la faillibilité de l’expertise individuelle, il est généralement préconisé de recueillir l’avis de plusieurs universitaires et conservateurs-restaurateurs, dans la mesure du possible, afin de parvenir à un consensus quant à l’authenticité ou l’attribution de l’œuvre.

Certains pays disposent de comités d’authentification pour des artistes précis. Ces comités font parfois partie de fondations qui possèdent elles-mêmes juridiquement l’expertise de l’authentification. Il existe différents types de comités, constitués selon diverses formes juridiques et pour servir des objectifs différents :

  • les comités qui vendent des objets (fondations, par exemple) et doivent dégager des revenus ; ils peuvent déclarer qu’une œuvre n’est pas authentique au motif qu’elle pourrait concurrencer les œuvres qu’ils mettent eux-mêmes en vente ;
  • les comités qui ne vendent pas d’objets (universitaires et historiens) et dont les motivations sont a priori désintéressées ; ils participent souvent à la rédaction du catalogue raisonné de l’artiste ou l’influencent ;
  • les comités constitués en réponse à problèmes particuliers (historiens de l’art, conservateurs, restaurateurs). Ce sont des groupes informels qui peuvent exercer une influence considérable.

Catalogue raisonné

Les catalogues raisonnés proposent le recensement scientifique complet du travail d’un artiste, généralement classé par ordre chronologique, par technique ou par sujet. Ce sont des outils indispensables et des sources de premier ordre pour rechercher la provenance et établir l’attribution d’une œuvre, bien que leur qualité et leur exhaustivité varient considérablement. Ils sont généralement compilés par des artistes, des experts ou des universitaires respectés. Il est très fréquent que l’expert soit un parent ou un descendant de l’artiste, son éditeur, un de ses représentants, un archiviste, un chercheur, etc.

Malgré leur importance, ils posent un certain nombre de difficultés et de limites. Certains fournissent par exemple de nombreux détails (photos, médium, dimensions, état/éditions, constats d’état, travaux associés, numéro de référence, provenance, historique des expositions, etc.), alors que d’autres ne comprennent que très peu d’informations. Dans les deux cas, leur utilisation nécessite un œil professionnel exercé.

Leur accès reste par ailleurs limité et ils ne sont souvent disponibles que dans certaines bibliothèques ou institutions d’art. Se pose également le problème de leur révision, qui peut se révéler essentielle en cas de découvertes importantes. Enfin, la réalisation d’un catalogue représentant souvent le projet de toute une vie pour un universitaire, le recensement des oeuvres peut demeurer inachevé ou non révisé au moment du décès de l’auteur.

Méthodologie de base

Il est évident qu’il est impossible d’exercer une expertise correcte à partir d’une photographie. Un grand nombre de signes et de signaux contribuent à déterminer l’authenticité d’une œuvre. Savoir où regarder permet déjà d’atteindre une partie de l’objectif. Les éléments de base indiqués ci-après constituent un bon point de départ :

  • style ;
  • dimensions et proportion ;
  • matériaux (type, âge, oxydation, etc.) ;
  • fabrication, techniques et détails de construction ;
  • état ;
  • signature (technique, dimensions, localisation, mode) ;
  • inscriptions et marques ;
  • prix.

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